L’urgence climatique

Jean-Marc Jancovici, expert reconnu en énergie et climat, tire la sonnette d’alarme sur l’urgence absolue de traiter le changement climatique. Il souligne que le seuil de réchauffement planétaire de 1,5 °C a déjà été dépassé en moyenne sur plusieurs années, et que même limiter le réchauffement à 2 °C apparaît désormais comme un objectif très ambitieux, presque hors de portée. Pour atteindre ce but, il faudrait que les émissions mondiales de gaz à effet de serre diminuent de 5 % par an dès maintenant, ce qui équivaudrait à répéter chaque année un confinement mondial similaire à celui du Covid-19 à partir de 2025. Cette exigence illustre la gravité et la complexité de la situation climatique actuelle, où chaque jour d’inaction aggrave les conséquences écologiques à venir.

Le rôle des énergies fossiles

L’expert rappelle que le développement industriel des XIXe et XXe siècles s’est appuyé sur une énergie abondante, bon marché et fossile — pétrole, gaz, charbon — qui a permis une croissance économique sans précédent mais a aussi provoqué une explosion des émissions de CO2, principal gaz responsable du réchauffement climatique. Aujourd’hui, plus de 80 % de l’énergie mondiale provient encore de ces sources fossiles, rendant la transition énergétique d’autant plus urgente et difficile. Jancovici compare l’escalade des impacts climatiques à des chutes de plus en plus graves à chaque marche d’un escalier, soulignant que même une augmentation moyenne de 1,5 °C à 2 °C peut engendrer des variations locales bien plus extrêmes, avec des phénomènes tels que tempêtes, sécheresses, incendies et montée du niveau des océans qui menacent la vie humaine et la biodiversité.

Solutions et changements nécessaires

Face à ces enjeux, Jean-Marc Jancovici insiste sur la nécessité de repenser profondément nos modes de consommation et de vie. Il met en avant la réduction de la dépendance à la voiture individuelle et la modération de la consommation de viande, deux secteurs particulièrement émetteurs de gaz à effet de serre. Il évoque également la gestion responsable des déchets nucléaires dans le cadre d’une transition énergétique bas carbone, soulignant que le nucléaire peut jouer un rôle dans la réduction des émissions, à condition d’en maîtriser les risques. Par ailleurs, il considère que l’intelligence artificielle peut être un levier important pour optimiser les systèmes énergétiques et réduire les gaspillages, contribuant ainsi à une meilleure efficacité énergétique.

Une approche systémique

L’approche de Jancovici est systémique : il appelle à une transformation profonde des habitudes individuelles et collectives, afin de respecter les limites planétaires et d’éviter des conséquences écologiques irréversibles. Il compare la réduction des émissions à l’arrêt du tabac : il n’est jamais trop tard pour agir, mais chaque geste compte pour limiter les dégâts futurs. Cette analyse est largement partagée et discutée dans divers cercles, soulignant l’importance d’une prise de conscience collective et d’actions concrètes à tous les niveaux, du local au global.

Conclusion et perspectives

Jean-Marc Jancovici rappelle que le changement climatique est un défi urgent et complexe qui nécessite une transformation radicale de nos systèmes énergétiques et modes de vie. Il appelle à des actions immédiates et concrètes pour réduire la dépendance aux énergies fossiles et limiter les impacts écologiques majeurs à venir, insistant sur la responsabilité collective et individuelle pour construire un avenir durable. Selon lui, il faut aussi repenser la taille et l’organisation des villes, revenir à des modèles plus sobres et adaptés aux limites planétaires, afin de mieux gérer les ressources et réduire les émissions.

Cette vision réaliste et exigeante met en lumière la complexité des enjeux climatiques actuels et la nécessité d’une mobilisation forte et rapide pour éviter des conséquences irréversibles sur la planète et les sociétés humaines. Elle invite à un changement de paradigme profond, où chaque effort individuel et collectif contribue à préserver l’avenir commun.