Le secteur du transport de marchandises connaît en 2025 une transformation majeure, portée par l’essor des camions électriques qui gagnent en performance et compétitivité. Face à une pression réglementaire accrue et des attentes sociétales fortes en matière de décarbonation, les acteurs du transport industriel bénéficient désormais d’un cadre incitatif renouvelé. Dès janvier 2025, la France a mis en place un système d’aides basé sur les Certificats d’économies d’énergie (CEE), remplaçant les anciens appels à projets de l’Ademe par un dispositif plus souple et accessible en continu. Parallèlement, des expérimentations innovantes, telles que le réseau de bornes de recharge entre Lille et Avignon, démontrent la viabilité opérationnelle des poids lourds électriques sur de longues distances. Cette dynamique, soutenue par des politiques publiques ambitieuses et des avancées technologiques, positionne les camions électriques comme une solution crédible pour concilier performance logistique, réduction des émissions et compétitivité économique.

Un tournant pour le transport routier de marchandises

L’année 2025 marque une étape clé dans la transition énergétique du transport routier. Les camions électriques, longtemps freinés par leur coût à l’achat et des incertitudes sur l’autonomie, bénéficient désormais d’un nouveau dispositif d’aides publiques. Le système des Certificats d’économies d’énergie (CEE), accessible en continu depuis janvier 2025, offre aux transporteurs une meilleure visibilité et une planification facilitée pour le renouvellement de leurs flottes. Ce mécanisme, financé par les fournisseurs d’énergie, repose sur des fiches d’opérations standardisées qui attribuent des montants forfaitaires d’économies d’énergie exprimés en kWh cumac, un indicateur mesurant la quantité d’énergie économisée sur la durée de vie du véhicule. Cette refonte du système d’aides, plus souple et pérenne que les précédents appels à projets, vise à accélérer la transition vers des flottes plus respectueuses de l’environnement.

Innovations logistiques et infrastructure de recharge

Sur le terrain, l’innovation organisationnelle accompagne les progrès technologiques. Une expérimentation soutenue par l’Ademe, menée par CEVA Logistics, ENGIE et Sanef, a permis de déployer un réseau de bornes de recharge pour camions électriques entre Lille et Avignon. Ce projet repose sur un concept novateur : à chaque station-relais, les chauffeurs décrochent leur remorque, qui est ensuite accrochée à un autre camion pour poursuivre le trajet, tandis que le véhicule électrique est rechargé. Cette organisation optimise les temps de trajet en minimisant les arrêts, tout en assurant un flux continu des marchandises. Romain Royer, chef de projet à l’Ademe, souligne que cette approche utilise les technologies disponibles pour réinventer le transport routier longue distance, ouvrant la voie à une électrification à grande échelle des flux logistiques.

Performances techniques et compétitivité économique

Les camions électriques de 2025 affichent des performances adaptées aux exigences du transport industriel. L’autonomie, la puissance et la fiabilité ont significativement progressé, tandis que les coûts d’exploitation diminuent grâce à la baisse des coûts énergétiques et à la stabilité des prix de l’électricité, moins volatile que les carburants fossiles. Ces avancées rendent les camions électriques de plus en plus compétitifs face aux modèles thermiques traditionnels. Les capacités de charge et les temps de recharge sont désormais compatibles avec les contraintes opérationnelles des professionnels, renforçant l’attractivité de ces véhicules pour les transporteurs.

Politiques publiques et cadre réglementaire incitatif

La loi d’orientation des mobilités (LOM) fixe des objectifs ambitieux de décarbonation du secteur, tandis que les collectivités renforcent les zones à faibles émissions (ZFE) dans les grandes agglomérations. Ces mesures incitent les transporteurs à anticiper le renouvellement de leurs flottes en faveur de solutions électriques, sous peine de restrictions d’accès à certains territoires. Les aides CEE, accessibles jusqu’à fin 2026, s’inscrivent dans ce cadre réglementaire incitatif, créant un environnement favorable à l’investissement dans les camions électriques.

Défis et perspectives d’avenir

Malgré ces avancées, certains défis subsistent. L’autonomie des camions électriques reste inférieure à celle des modèles diesel sur les très longues distances, et le déploiement de l’infrastructure de recharge, notamment sur les axes secondaires et en zones rurales, nécessite encore des investissements importants. Le coût à l’achat, même atténué par les aides, demeure un frein pour certaines petites et moyennes entreprises. Toutefois, les experts du secteur s’accordent à dire que la courbe d’apprentissage et les économies d’échelle devraient permettre une baisse continue des prix à moyen terme.

Les perspectives à court et moyen terme sont donc optimistes. Les camions électriques s’imposent progressivement comme une solution mature, capable de répondre aux enjeux environnementaux sans compromettre la performance logistique. Les innovations organisationnelles, telles que l’échange de remorques en cours de route, illustrent la capacité du secteur à se réinventer. Couplées à des politiques publiques volontaristes et à une dynamique industrielle forte, ces évolutions annoncent une accélération des ruptures technologiques dans les années à venir.